samedi 24 novembre 2007

Rencontre entre les génépistes et l'AP de Nanterre le mercredi 21 novembre 2007.

Un pur instant de bonheur cette réunion. Tout le monde s’en est rendu compte et plus encore les anciens qui ont encore à l’esprit les difficultés de l’an dernier. Nous avons une chance à saisir à Nanterre cette année : Pascal Vion, le nouveau directeur de la Maison d’arrêt de Nanterre.

Cette année, le nouveau chef d’établissement nous propose un véritable travail d’équipe et nous fait confiance si nous respectons le pacte qu’il nous propose : respecter la sécurité.

Cinq membres de l’administration pénitentiaire (AP) ont été nos interlocuteurs pour parcourir différents points inhérents à notre mission dans la prison : les présentations, notre comportement en prison, notre collaboration avec l’AP.




LES PRESENTATIONS.

14h30. 16 génépistes irréductibles de la grève sont au rendez-vous sur la passerelle de la gare de Nanterre. Dans le bruit assourdissant des trains qui passent, ah non c’est la grève, il n’y en a pas … Bref, nous rejoignons d’un pas sûr le mess de la maison d’arrêt où nous sommes attendus.

15h10. nous voilà installés autour de la table de réunion avec :

Les membres de l’administration pénitentiaire de Nanterre.

Pascal Vion, directeur de la maison d’arrêt, ouvre le bal des présentations. Le nouveau chef d’établissement a pris ses fonctions à Nanterre il y a un mois et demi et souligne d’emblée son intérêt pour le partenariat avec le génépi. Il développera plus tard la vision (rassurante) qu’il se fait de sa fonction.

Ancien chef d’établissement de la centrale de Rennes, il n’y a pas de doutes, M. Vion sait de quoi il parle. Depuis son arrivée à Nanterre, il se dit surpris par le manque voire l’inexistence de lien entre la prison ce qui l’entoure : la ville et sa plus proche voisine, la fac de Nanterre. Il semble selon lui qu’il s’agisse d’une problématique générale à la ville de Nanterre. A l’origine, le conseil municipal n’était pas du tout intéresser par la construction de cette prison nous confie-t-il. Son objectif : mieux inscrire la prison dans la ville, et donc la société. Le défi est grand, souligne-t-il, notamment pour une prison construite dans une zone de relégation géographique comme celle de Nanterre.

"La prison a une utilité sociale. Nous n’avons pas à avoir honte de notre mission. L’administration pénitentiaire a beaucoup évolué et répond à une forte demande sociale. "

(Pascal Vion)

· Christian Daniel, directeur du SPIP de la Maison d’arrêt de Nanterre.

· Anne Beauchesne, référente SPIP pour le Génépi.

· Sylvie Gauthier, enseignante à temps pleins à la Maison d’arrêt de Nanterre. Représentait Serge Cabrolié, responsable de l’éducation nationale à la maison d’arrêt.

Quatre enseignants à temps pleins sont en poste à la MA de Nanterre. De nombreux vacataires les appuient. Des cours de Français, mathématiques, Anglais, philosophie, physique histoire-géo, comptabilité etc. sont ainsi dispensés.

· M. Traoré, adjoint au chef de détention. Référent des génépistes sur les questions de sécurité générale.

Treize génépistes et trois de leurs RdG ont pu être présents.

Nous avons été invités à nous présenter à tour de rôle. Je vous épargne ce passage, vous savez déjà tout n’est-ce pas ?

La prison,

juste là derrière la fenêtre. Bruyante en son sein mais muette de l’extérieur, c’est donc Pascal Vion qui s’est chargée de faire sa présentation.

La MA de Nanterre est un établissement encombré comme nombre de ses semblables. Datant du début des années 1990, elle a une capacité d’hébergement proche de 600 places. Oui mais voilà, près de 850 détenus y vivent. Pascal Vion tient à nous signaler que les détenus ne sont jamais plus de 2 par cellule. 875 personnes placées sous main de justice sont en réalité confiés à l’AP de Nanterre. Près de trente d’entre eux sont hors murs grâce aux peines alternatives.

La prison est divisée en cinq zones :

Ø la zone administrative,

Ø le quartier mineur,

Ø le quartier arrivants,

Ø les terrains de sport,

Ø la zone d’hébergement. Cette dernière se compose de trois secteurs : A, B et C.

Une population plutôt jeune est détenue à la prison de Nanterre. Population parfois agitée, les problèmes de violences ne sont pas rares.

La MA de Nanterre est construite dans une zone de relégation. Coincée entre l’autoroute, la Seine et une papeterie dont vous pourrez apprécier l’odeur … À l’isolement géographique s’ajoute l’isolement social développé plus haut par le directeur.

Fort de ce constat, Pascal Vion exprime sa volonté de créer des liens avec l’extérieur. Dans cette tâche, nous pourrons, comme nous allons le voir, lui apporter un appui. Sous condition de respecter :




NOTRE COMPORTEMENT EN DETENTION.


La sécurité.

Le conseil du directeur aux génépistes :

"Il est nécessaire que vous ayez de la distance avec les personnes encadrées. Il ne s’agit pas d’être crispé ni tendu : il n’y a pas de raisons pour que ça ne se passe pas bien car les détenus sont très demandeurs de ce genre d’activités. Néanmoins, il est important que vous soyez sur vos gardes parce que certains peuvent être très manipulateurs. Vous êtes jeunes, ils peuvent en jouer. Le genre de demande : faire sortir un courrier pour éviter la censure, passer un coup de fil à un proche une fois dehors. Tout ça n’est pas le rôle des génépistes mais des travailleurs sociaux.

Ne mettez pas le doigt dans ce genre de relations. Rapidement, il devient difficile de s’en sortir.

Je suis très confiant envers vous mais sachez qu’au moindre problème, notre collaboration s’arrêtera, c’est trop dangereux. "

è Les deux problématiques de M. Traoré : la sécurité et la sollicitation.

· La sécurité : il est important de se soumettre sans rechigner aux procédures de contrôle

· La sollicitation : personne n’est à l’abri des phénomènes de corruption pas même le personnel. Les personnes de passages sont des cibles de choix. Donc au moindre problème, il faut en en parler aux RdG puis au SPIP.

M. Traoré en profite pour faire un point sur le matériel de sécurité à notre disposition :
  • L’API : sorte de gros boîtier qui ressemble à un talkie-walkie avec un gros bouton rouge dessus (c’est là qu’on appuie en cas de soucis). L’API est disponible au PCI (centre de la prison où vous êtes obligés de passer lorsque vous vous rendez aux ateliers.
  • Le badge Antigone : lors de la visite de la prison, vous aurez la joie d’être pris en photo pour faire votre badge. Une fois dans la prison, il ne faudra plus le quitter et l’installer en évidence sur votre veste.

è Mme Beauchesne intervient pour nous rassurer :

"On ne vous enverra pas n’importe qui. La sélection est opérée par M. Cabrolié qui connait très bien ses élèves. Mais surtout, ne vous laissez pas ronger par les questionnements quant au comportement du détenu dont vous vous occupez. Il y a toujours quelqu’un dans les bureaux du SPIP (escalier à gauche juste après les machines à cafés puis à droite, c’est au fond du couloir.). Si l’attitude d’un détenu vous met mal à l’aise bien qu’il soit très gentil, cela suffit pour venir nous en parler. Sinon vos séances vont être biaisées et sortir du cadre d’enseignement. "

"Je n’aimerais pas recevoir des remarques d’un surveillant qui a eu le sentiment d’être transparent."

(Pascal Vion)

La courtoisie en prison ?

La distance que nous nous devons d’instaurer avec les détenus dont nous nous occupons ne doit pas empêcher des rapports courtois avec eux.

M. Vion a, d’autre part, insisté sur l’attitude que nous nous devons d’adopter avec les surveillants. Il convient de les voir et de leur envoyer des impressions positives. Ne pas hésiter à prendre le temps de créer un échange.

A NANTERRE : GENEPI/AP, MEME COMBAT ?


C’est l’impression que donne cette réunion en tout cas …

Les activités proposées par le Génépi.

Ce sont M. Daniel et Mme Beauchesne qui sautent le pas en abordant la question des activités que nous sommes susceptibles d’offrir aux détenus de Nanterre.

  • Zoé est la première à se lancer dans le bal des prises de paroles de génépistes. Elle présente l’activité musique à laquelle elle réfléchit avec une autre bénévole du groupe.

"Est-il possible de faire rentrer des instruments de musique ? " demande-t-elle ?

Pascal Vion : "Sur l’entrée de matériel, je suis contre … pas grand-chose en fait. Néanmoins, les règles pénitentiaires sont très rigides à ce sujet et je n’y peux rien. Il faut donc prévoir, prévenir très tôt pour que votre programmation reste bien fluide."

Mme Gauthier en profite pour rappeler que l’éducation nationale doit être l’intermédiaire dans le passage des devoirs, des livres, des photocopies au détenu.

· Geoffrey : "Est-il possible d’inviter un artiste extérieur dans la prison ? "

Pascal Vion : "Bien sûr, au contraire, nous sommes demandeurs. Son casier judiciaire doit être vierge et la personne doit nous être présentée avant. Pour ce genre de chose, il faudra vous adresser au SPIP. "

Pascal Vion prend les devants de l’intervention d’Isabelle en émettant l’idée de faire un journal de la prison.

  • Isabelle saisit l’occasion pour parler de l’atelier revue de presse qu’elle souhaite mettre en place. Elle amènerait les détenus vers une analyse des médias avec le support de journaux internationaux.

Mme Beauchelle : "L’activité revue de presse est très pertinente en milieu carcéral car les détenus sont au courant de tout par le biais des médias, de la télé etc. mais en ont une vue très simplifiée."

Pascal Vion insiste sur l’importance de se projeter et de faire une programmation jusqu’à l’été. Il serait bien aussi de créer une continuité de l’action du génépi sur juillet et aout bien qu’elle soit diminuée.

Ex : Des évènements comme la venue d’un artiste se déroule dans la salle polyvalente. Elle doit être réservée très longtemps à l’avance.

Les envies de l’administration pénitentiaire :


· Pascal Vion :

Le directeur aimerait voir se recréer des ateliers et des activités socioculturelles. Des activités sportives dans la prison seraient aussi très souhaitables indique-t-il. Des volontaires ?

2) "Il serait intéressant de prévoir un évènement avec les personnes qu’on a suivi à la fin du programme. " Style petite fête de fin d’année avec gâteau et jus de fruits …

3) Il émet aussi son envie de voir les interventions du génépi débuter très rapidement. Cela dépend du SPIP et de nous …

4) Créer un rendez-vous à Nanterre. Mettre sur pied un cycle de conférence par exemple en invitant des intervenants etc. Faîtes marcher vos méninges, ça peut être très intéressant !

· M. Daniel est demandeur d’activités socio-éducatives. Ils pointent un aspect intéressant qu’il nous faudra creuser en se demandant comment nos activités peuvent s’inscrire dans les projets qui existent déjà à la Maison d’arrêt de Nanterre. Une troupe de théâtre intervient en effet déjà à Nanterre. Un atelier d’écriture est aussi déjà en place … Qui est volontaire pour une collaboration ?

· Mme Gauthier : Nous sommes preneurs de cours d’Espagnols et de génépistes susceptibles de soutenir des détenus qui font leurs études universitaires par le CNED.

"J’ai encore beaucoup d’énergie à dépenser pour militer et suis complètement ouvert pour intervenir avec vous. On ira discourir sur les bancs de Nanterre ! "

(Pascal Vion)

Les ISP. Quelle collaboration avec l’AP ?

Après une intervention de Thomas H sur nos interventions de sensibilisations auprès du public, M. Vion va dans notre sens. Il faut combattre les caricatures mais, selon lui, passer ce message ne peut se faire sans le personnel de l’AP, c’est un travail d’équipe.

L’équipe de l’AP présente à la table nous a bien fait sentir qu’elle était ouverte pour nous aider dans la création et la mise en place des ISP. A nous d’en profiter !





Questions pratiques :

Les numéros utiles pour prévenir en cas de retard ou d’absence :

· Secrétariat du SPIP : 01.47.29.75.26

· Madame Beauchelle (ligne directe) : 01.47.29.75.27


Je n’aurai pas réussi à faire court pour rendre compte de notre rencontre avec l’AP de Nanterre. C’est mieux ainsi et bravo à ceux dont les yeux sont arrivés jusqu’à ces lignes. Parce que rien de ce qui a été dit ne pouvais être mis de côté, il fallait rapporter au plus près les propos tenus lors de cette réunion dense et riche en informations.

Confiance et volonté d’un travail conjoint entre le génépi et l’AP auront été les deux principales lignes développées lors de cette rencontre.

Pascal Vion nous apporte en effet son entière confiance et nous laisse une grande liberté dans nos interventions. Toutefois, ce dernier gardera sans doute une attention soutenu sur nous en se renseignant auprès des conseiller d’insertion et de probation (CIP), des surveillants, du personnel de l’éducation national etc. En contrepartie du confort que nous offre M. Vion nous nous devons donc d’être irréprochables sur notre comportement envers les détenus ainsi que notre sérieux dans nos interventions et nos programmations.

Un véritable travail d’équipe avec l’AP, voilà donc ce que nous offre Pascal Vion cette année. Tout l’enjeu va résider pour nous dans le fait de saisir cette opportunité. A mon avis, ça va le faire ! Enfin moi je dis ça, j’dis rien … J

Très bon génépi à tous.

P.S : Pour les présents, n’hésitez pas à poster des com si j’ai oublié des choses, c’est fait pour ça !

2 commentaires:

Maité a dit…

Bonjour à tous!

Je souhaitais vous remercier d'avoir publié ce compte rendu pour nous, qui n'avons pas pu assister à la réunion!!

A bientot! ;)

GENEPI Nanterre a dit…

Pas de quoi Maïté !